
Un vent léger soufflant des mélodies, ondulant du jazz au rock psychédélique, agrémenté d’instruments acoustiques maghrébins millénaires qui se mélangent à la funk, au rock et aux musiques électroniques dans les mains de trois musiciens passionnés: Khalil Bensid au Guembri, Samir Mokrani au Oud et Dorian Selmi à la batterie.
C’est en 2016 que s’est formé le groupe algéros suisse Zafîf, insufflé par Khalil Bensid et Samir Mokrani, musiciens et disciples formés aux musiques gnawa, yéménites et anatoliennes dont ils revisitent les codes et les mélangent aux rythmes d’autres sonorités, héritées de leurs passions respectives, allant de John Lee Hooker, Deep Purple à Massive Attack.
Selon Khalil, ils cherchaient un nom qui correspondait à leur univers composé de plusieurs influences. Samir a pensé à Zafîf, qui, en arabe, veut dire le bruissement du vent et qui est également relié à l’idée de vitesse, de flèche qui vibre, et d’autres sens encore dans la langue arabe poétique. En plus du fait que le mot «Zafîf» sonne bien, on s’en rappelle facilement, et en plus, il est facile à prononcer pour un non-arabophone!
Plus qu’un envol musical et un voyage de l’âme, le groupe Zafîf est une évasion hypnotique et hybride aux sonorités chaudes qui attend le public.
A la croisée des genres, des origines et des attraits musicaux de chacun, la musique de Zafîf dépasse le cadre de la simple fusion, et propose des créations originales, où l’improvisation occupe une place essentielle.
Khalil devait rejoindre un projet dans lequel Samir jouait, cela ne s’est pas fait. Le courant est tout de suite passé entre eux, c’était donc la naissance d’une solide amitié et d’une rencontre artistique au sens strict. «Quelque temps après, on s’est revu, on a sorti nos instruments et Zafîf est né», explique Samir.
Sur scène, l’atmosphère est entraînante, le public bouge et s’évade le temps d’un set en live aussi varié que pointu techniquement grâce à la recherche d’excellence musicale et à l’ouverture à tous types de rythmiques, de styles, de courants, sans jamais appartenir à une catégorie musicale prédéfinie. Une liberté qui mène la danse lorsque la musique s’évade.
La co-création musicale, tout un art
Plus qu’un groupe de musique, Zafîf est un laboratoire musical qui a à cœur de tisser des synergies entre la scène suisse et genevoise et la scène maghrébine-orientale.
Le duo fondateur de Zafîf est également actif dans plusieurs projets parallèles, en collaboration avec d’autres musiciens notamment Masar, Festival de la Bâtie le 11 septembre 2021: Composition musicale et co-direction artistique de Khalil Bensid et Samir Mokrani pour un spectacle multimédia inédit, et Aktarma, un projet collaboratif avec deux jeunes Dj et producteurs de la scène électro genevoise. Le guembri et les percussions lancinantes de Khalil, les mélismes du oud et du saz de Samir, se mêlent aux sonorités électroniques originales des magiciens Mathias Froehlicher et Reda Sayagh, dans un registre se voulant résolument techno.
Interrogé sur ce qui l’inspire au quotidien, Samir est touché par un peu de tout ce qui l’entoure, des gens, des paysages, des atmosphères, une thématique plus large. «Un morceau ou une chanson peut aussi partir d’une anecdote, d’une blague qu’on se raconte en répétition, ou au contraire d’un thème plus grave, d’ordre social, spirituel, éventuellement politique, ou encore évoquer un événement personnel, heureux ou triste...Mais pour ce qui est des thèmes plus graves, ou des histoires relatant un épisode personnel, j’essaie de les exprimer toujours d’une manière allégorique, enfin, un peu poétique, de manière suggérée, avec la musique et les mots qui me semblent les plus justes et les plus beaux», relève-t-il.
Khalil, pour sa part, aime raconter des histoires à travers les morceaux, qu’elles soient joyeuses, tristes, tendues. légères, compliqués ou «dark». Pour cela je m’inspire vraiment de tout ce qui m’entoure, ce qui me touche et qui me fait vibrer ou réagir. Cela peut être une émotion, une scène de vie, un souvenir, une actualité ou un délire complètement imaginaire. C’est ce qui alimente notre musique avec comme constante le côté hypnotique et transe qui emporte l’esprit ailleurs.
«Nous mélangeons divers rythmes musicaux, cette «Triade» est ce qui nous définit en tant qu’individus. On retrouve ça dans notre musique. Mes influences sont diverses allant du raï, au chaâbi, à l’ahellil et la musique gnawa. Des groupes de rock, funk, jazz, électro et j’en passe! Je m’inspire de tout, mais je pense que la constante reste le côté transe et hypnotique dans la musique», conclut-il.