Sidi Bouknadel: un voyage dans le temple des plantes

Par Bouchra Fadel
Jardin exotique DR
Jardin exotique DR

Ils sont juchés dans un endroit enchanté où l’âme est en joie dans les tréfonds d’un jardin. Les bambous majestueux, sertis de graffitis d’amour, s’offrent aux visiteurs contemplatifs qui aiment s’enivrer des charmes de la nature à se recueillir dans le silence. Un silence qu’aucun autre bruit ne vient perturber à part le beau murmure de l’eau alliée au chant des oiseaux.

Le jardin exotique de Sidi Bouknadel, depuis lors, est témoin d’un passage furtif, complice d’un moment de bonherur ou d’un engagement constant.

L’appelation «jardin exotique» n’est pas usurpée. Le site est un véritable Eden terrestre. Plantes, arbres, et plantations de divers horizons et continents sont subtilement disposés et des parcours sont harmonieusement agencés.

C’est ainsi que le concepteur initial, l’ingénieur Marcel François, a pu imaginer et engendrer depuis les années cinquante cet espace vert. Dix années durant vouées à la réalisation, et qu’il géra jusqu’à sa retraite, avant de hisser et léguer cet écrin végétal et ornemental à la postérité!

Que de couleurs douces, que de contrastes harmonieusement établis, à travers les parcours. Avec comme point de départ de ce «pèlerinage» initiatique, une grotte artificielle. Un détail original qui confère au lieu outre son côté exotique, une certaine sacralité quant à sa découverte, et libre demeure tout visiteur de s’y conformer ou de s’en dissocier.

«En montant de la grotte, l’on se retrouve face aux différents jardins aménageant et composant le site. C’est là une idée on ne peut plus ingénieuse de M. François. A cela s’ajoutent les monticules qui créent un mouvement de terrain donnant au visiteur l’impression que l’espace visité est beaucoup plus grand qu’il ne l’est en réalité», explique, sur un ton d’admiration, Yasser Ouguerd, un technicien du jardin.

Ainsi, la simple visite du jardin devient un voyage dans l’espace et dans le temps, grâce à ce subtil tour de magie.

«A noter que le conseil municipal de Salé a décidé d’annexer audit Jardin trois autres hectares avoisinants et destinés à la mise en place d’un arborétum, d’une ferme pédagogique ainsi que d’un centre pour l’éducation environnementale», note M. Ouguerd.

«C’est un lieu où tout y est suggéré et exposé avec subtilité et un certain raffinement de l’esprit!», souligne, avec fierté, Ibrahim Haddane, directeur du jardin. 

C’est le cas des bassins et étangs aux parcours diversifiés et aménagés de manière astucieuse. Que de sensations de bien-être et d’intimité y sont permises et offertes pour l’esprit qui s’y retrouve conquis par l’harmonie de la conception globale de ce lieu enchanteur marqué par l’exotisme inattendu.

«Disposant d’un micro climat, Sidi Bouknadel est un lieu idéal... Il sied à toutes les plantes, désertiques, tropicales ou des plantes originaires des montagnes... M. François aura ramené 320 espèces différentes de plantes qui forment nos jardins, entre autres «l’arbre boxeur»(l’arbre le plus ancien du Jardin), en plus des plantes autochtones marocaines, soit en gros une centaine d’espèces... parmi lesquelles les plantes aromatiques, les plantes médicinales...etc», renchérit M. Haddane.

Le tout fait que le jardin dispose aujourd’hui d’un patrimoine considérable où toutes les plantes vivent en symbiose et en parfaite harmonie.

«C’est une véritable société cosmopolite. Toutes ces plantes et bien qu’elles viennent d’endroits différents et lointains, elles s’acceptent et vivent en osmose. C’est là une véritable leçon d’altérité florale», confie, en guise de reconnaissant émerveillement, un promeneur solitaire.