Sidi Bou Saïd, la perle tunisienne

Par Narjiss Naji
Sidi Bou Said DR
Sidi Bou Said DR

Connue pour son charme unique, sa nature éblouissante et son climat méditéranéen, Sidi Bou Saïd ne cesse de séduire des touristes du monde entier. Les deux couleurs qui l’identifient, le blanc et le bleu, font d’elle un endroit apaisant et relaxant. 

Son architecture arabo-andalouse qui se caractérise par la blancheur éclatante de ses murs et ses façades ornées de portes et de fenêtres au teint bleuâtre attirent de nombreux visiteurs. Selon Khalil Chérif, maire de Sidi Bou Saïd, la ville reçoit environ 50 000 touristes internes et externes par jour.

 

Une ville historique par excellence

 

Le duo blanc et bleu enveloppant les bâtiments de Sidi Bou Said a été adopté depuis le début du XXème siècle grâce à Rodolphe d’Erlanger, peintre, musicologue et grand orientaliste franco-britannique. 

Ébloui par le charme de Sidi Bou Saïd, le baron d’Erlanger a décidé d’y résider à partir de 1909. Il a engagé les travaux d’un palais selon les normes architecturales andalouses. Selon M. Cherif, le baron a fait en sorte que le village entier soit protégé à travers le décret du 28 août 1915. Il a imposé le bleu et le blanc et interdit toute construction anarchique sur le promontoire. 

D’après M. Chérif, un dossier de candidature a été déposé auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture «UNESCO» pour l’inscription de Sidi Bou Saïd sur la liste de son patrimoine mondial. «Après une étude approfondie, cette ville a bel et bien prouvé que ses caractéristiques culturelles, historiques, architecturales et touristiques lui valent bien cette candidature au sein de l’UNESCO», explique M. Chérif dans une déclaration à Maghreb1.

L’endroit qui fait l’objet d’une candidature à l’UNESCO est appelé à être authentique, et Sidi Bou Said, connu jadis par «Djebel Menar», répond à ce critère. Cette petite ville a toujours été appréciée pour son calme ainsi que son circuit touristique.

L’architecture arabo-andalouse des maisons de Sidi Bou Saïd, étoffée par plusieurs types de plantes grimpantes et ornementales aux couleurs vives et joyeuses rendent le paysage général de cette ville beaucoup plus attrayant, indique M. Cherif.

Il ne faut pas oublier de mentionner le café des nattes. Un endroit phare que l’on ne peut pas manquer de par sa position géographique et son authenticité. 

Sidi Bou Said doit son appellation à un saint, de son nom complet Abou Saïd Khalaf Ibn Yahya el-Tamimi el-Béji, né en 1160 et décédé le 19 juin 1231 à Sidi Bou Saïd. C’est un saint et un savant tunisien qui s’est consacré à la prière et à la méditation et dont le mausolée se situe à la mosquée de la Zaouia. 

Son nom «el-Béji» fait référence à ses origines, l’ancienne Béja, un village aux alentours de Tunis, non loin de la Manouba. Malgré le manque de références le concernant, plusieurs chercheurs confirment que ce saint avait une grande notoriété et était  un modèle de piété et de dévotion religieuse dans ce village qui porte son nom. 

 

Un site géographiquement splendide

 

Sidi Bou Saïd jouit d’un site stratégique parmi les villes tunisiennes. La ville se situe à 20 km environ à l’est de Tunis, la capitale, et s’élève à 130 mètres du niveau de la mer. Sa superficie est de 164 hectares.

D’après l’histoire, les Phéniciens qui ont fondé Carthage sont aussi à l’origine de la fondation de Sidi Bou Said. Des tours de guet et des tours à feu étaient construites sur les hauteurs du village pour la défense et la protection des côtes nord-est de la Tunisie. 

«Durant les deux dernières années, Sidi Bou Said, à l’instar de toutes les villes du monde, a connu une conjoncture économique difficile ainsi qu’une baisse importante du nombre des touristes à cause de la pandémie liée au Covid-19», souligne M. Chérif formant le vœu d’un retour à la vie normale et d’une relance prochaine de l’activité touristique.

 

Sortie annuelle de Sidi Bou Saïd El Béji

 

Chaque été, se tient une fête mystique - appelée la Kharja - qui mobilise tout le village de Sidi Bou Saïd, avec des cortèges de différentes confréries religieuses venant de toute la Tunisie pour rendre hommage et demander la baraka au saint Sidi Bou Saïd.

Le cortège est devancé par les porteurs de drapeaux, suivis des membres de la confrérie qui psalmodient des chants liturgiques au son des bendirs. Il quitte la zaouïa du saint et défile dans les rues de la ville. La cérémonie se termine par un cérémonial de danse mystique.

Les femmes, pour leur part, brûlent de l’encens pour faire répandre de bonnes senteurs partout en lançant des youyous haut et fort. Elles distribuent aussi des bambalouni et des gâteaux tunisiens locaux pour fêter cette occasion.

Cette manifestation attire plusieurs milliers de personnes, tous âges et sexes confondus, qui viennent de toute la Tunisie pour célébrer le saint Sidi Bou Said. La «Kharja» est considérée aussi comme une attraction touristique qui connaît la participation même des visiteurs étrangers. L’activité économique de Sidi Bou Said repose en premier lieu sur le tourisme. Les touristes sont surtout attirés par ses marchés traditionnels, ses restaurants et cafés authentiques et les spécialités tunisiennes et locales qu’ils présentent ainsi que par ses hôtels et ses maisons d’hôtes originales. Il convient de mentionner également la beauté des palmiers, des cactus et du jasmin dont l’odeur alléchante remplit les ruelles au grand bonheur des touristes et des visiteurs de Sidi Bou Said.

 

Des monuments historiques incontournables

 

Selon M. Chérif, Sidi Bou Said se distingue  par son architecture islamique arabo-andalouse. Le meilleur exemple qui représente ce style d’architecture est le palais Ennejma Ezzahra, considéré comme étant un monument historique et un joyau de l’architecture arabo-islamique en Tunisie, où se mêlent influences locales et éléments typologiques et décoratifs arabo-andalous.Ce palais a été conçu par le baron Rodolphe François d’Erlanger (1872- 1932). 

Il est devenu de nos jours un musée où sont exposés des instruments de musique et abrite également le Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes. En plus de tous les trésors dont regorge la ville de Sidi Bou Said, il faut savoir qu’elle abrite aussi plus de 500 mausolées. Autrefois, les visiteurs avaient l’habitude de passer 3 nuitées au mausolée du saint Sidi Bou Said et venaient en affluence à la manifestation annuelle «Kharja».