
Il est parti subitement sur la pointe des pieds, Rabah Driassa. Cet artiste accompli, qui a été à la fois auteur, compositeur, interprète et artiste peintre, vient de tirer sa révérence. Des générations entières continueront à fredonner sa chanson fétiche «Nejma Kotbia» l’étoile polaire, qui a fait, à côté de bien d’autres, sa renommée aussi bien en Algérie que dans les autres pays du Grand Maghreb, du Machrek ou d’ Europe. Cette icône de la chanson populaire algérienne, a marqué son temps, laissant derrière lui un patrimoine d’une richesse inestimable. Plus de 100 chansons, pour la plupart de sa propre composition, sont souvent reprises par les artistes algériens qu’arabes.»Yahyaou Ouled Beladi», «Ya Mohamed Habib Allah»,»El Moumarida», «Nedjma Kotbiya» et «Ya Al-Awama, Ana Jazairi» et bien d’autres airs resteront inoubliables chez ceux qui l’ont connu ainsi que parmi les jeunes.
Décédé, le vendredi 08 octobre 2021, à l’âge 87 ans, ce natif de Blida a consacré plus de 60 ans à son art qui a été souvent autant un reflet de la vie quotidienne en Algérie, qu’un message d’espoir, d’amour et d’optimisme qu’ une marque indélébile de son authenticité et de son attachement à son patrimoine.
Avant d’entamer son aventure dans la chanson, il s’affirma dans l’art de la peinture, par nécessité. A 15 ans, après le décès de ses parents, il exerça, le métier de graveur sur verre et s’adonna à la peinture. La miniature fut, sa première passion artistique, qu’il apprend tout seul en s’inspirant de Mohamed Racim, entre autres. En 1952, il expose ses œuvres à Alger, Blida, Paris et Metz et obtient le «Prix Jules Ferry», au Salon des artistes Algériens et Orientalistes de Paris et de Metz.
Un succès hors du commun
Rabah Driassa qui a lancé sa carrière artistique en 1953, alors qu’il est à peine âgé de 19 ans, a très vite gagné en popularité, chez lui qu’ailleurs. Ses chansons, dont les plus célèbres sont «Yahyaou Ouled Beladi», «Ya Mohamed Habib Allah», «Ya Al-Awama», «Warda Bayda»… sont souvent reprises, savourées et déclamées. Elles interpellent un public toujours plus large parce qu’elles sont nourries d’un terroir que le public reconnaît, apprécie et dans lesquelles il retrouve ses racines.
Un artiste atypique qui a marqué son temps et son art. Il s’illustra vers les années 1960 à 1980 avec de nombreuses chansons qui ont participé à sa célébrité. Dès le départ il a choisi une voie propre à lui: chanter ses propres paroles en puisant dans le patrimoine populaire: le Bedoui, Alaoui et Sahraoui. Ce parcours atypique lui voua d’être remarqué par des maîtres célèbres de la chanson algérienne, tels que Mustapha Skandrani, Abderrahmane Aziz, Mustapha Kechkoul, qui n’ont fait que le bien aiguillonner dans son aventure artistique.
Le succès ne s’était pas fait attendre pour ce jeune artiste, qui faisait déjà la musique de ses propres chansons. Il créa ainsi un genre nouveau en amalgamant des genres aussi différents qui ont surpris le public par la particularité des rythmes que par des textes qui cernent des thèmes qui touchent le quotidien des algériens. A l’époque, le public s’arrache les 45 tours du jeune chanteur, appréciant la richesse de ses textes engagés, montés sur de belles mélodies et des cadences inédites et enregistrés dans de grandes maisons de disques, à l’instar de, «Pathé» et «Philips».
Il chanta l’amour et la femme, représentée par des symboles inhabituels à la poésie populaire à l’époque. Outre ses fréquentes participations aux semaines culturelles de l’Algérie en Iraq, Syrie, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis et au Koweït, cet artiste a acquis une renommée établie au Maroc, en Tunisie et en Libye où ses chansons sont reprises et savourées par un public toujours nombreux et assoiffé de ses mélodies.