
Réputée ville bien vivante et centre culturel et touristique, la capitale de l’ouest algérien ne manque pas d’atouts tirés de son histoire multiculturelle et de son ouverture sur la Méditerranée.
Juchée au fond de la baie qui porte son nom, Oran jouit de caractéristiques que partagent souvent les villes portuaires : multiculturalisme, ouverture naturelle sur le monde et foyer de brassage d’héritages.
Oran, prononcée localement Wahren et surnommée par les Algériens «la radieuse» (el-Bahia), est la deuxième plus grande ville d’Algérie et une des plus importantes villes du Maghreb, avec une agglomération de plus de 1,5 million d’habitants. Métropole économique à forte croissance démographique, la ville, située à 432 km de la capitale Alger, est le chef-lieu de la wilaya d’Oran.
La ville est dominée directement à l’ouest par la montagne de l’Aïdour (ou Murdjajo), d’une hauteur de 420 mètres, ainsi que par le plateau de Moulay Abdelkader al-Jilani (Moul el Meida). L’agglomération s’étend de part et d’autre du ravin de l’oued Rhi, maintenant couvert. Elle jouit d’un climat méditerranéen classique avec des étés chauds des hivers doux et un ciel souvent ensoleillé et dégagé.
Des atouts qui font d’Oran l’une des destinations les plus visitées d’Algérie. Les visiteurs, en majorité nationaux, privilégient cette région pour sa nature et ses paysages entre montagne, forêt et mer et son climat, mais aussi pour ses monuments, ses places historiques, son front de mer et ses lieux de culture et de loisirs.
L’histoire riche (et mouvementée) d’Oran contribue à cette richesse culturelle et urbanistique, offrant à la ville un cachet métissé entre Orient et Occident. Le site, connu depuis la préhistoire, a été prisé par les Phéniciens qui installèrent un comptoir à 25 km à l’ouest de l’actuel Oran entre le VIe et Ier siècles av. J-C. Les Romains ont, quant à eux, développé le site de Portus Magnus, à 40 kilomètres à l’est. Le port d’Oran ainsi que le Mers-el-Kébir voisin étaient connus sous le nom de Portus Divini (Port divin), et la région d’Oran était appelée à l’époque Unica Colonia.
Un carrefour de civilisations
À la chute de l’Empire romain, la ville connaît une phase de déclin commencée avec l’occupation vandale en 445 et marquée par la reprise de la ville par les Byzantins en 533, puis par la peste Justinienne à partir de 541. La région est finalement conquise par l’empire arabo-musulman en 645.
Cette zone côtière restât à l’abandon pendant plusieurs siècles, jusqu’à ce que des marins andalous appuyés par les Omeyyades de Cordoue fondent Oran proprement dite vers 902, avec le consentement des tribus amazighs qui contrôlaient le littoral.
La ville nouvelle devient vite un objet de conflit entre Omeyyades de Cordoue et Fatimides, avant de tomber en 1077 sous le contrôle des Almoravides, puis des Almohades en 1145. Sous les drapeaux des Zianides depuis 1228, la ville devient de fait une république maritime, une cité-Etat où convergent des marchands vénitiens, génois, marseillais et catalans.
Les Espagnols finissent par prendre la ville en 1505 et en font une place forte, qu’ils garderont jusqu’en 1708, date de sa prise par les Ottomans. La puissance espagnole reprendra la ville en 1730 avant de l’abandonner définitivement en 1792. En 1831, la ville est prise par les Français dans le sillage de leur conquête de l’Algérie. Les colonisateurs réorganiseront la ville et construiront de nouveaux quartiers, notamment pour accueillir de nombreux migrants européens.
Des monuments et une culture qui reflètent l’Histoire
Ce patrimoine diversifié n’a pas manqué de se refléter dans les nombreux monuments de la ville et dans la culture et le style de vie des Oranais.
Le quartier Sidi el Houari, anciennement appelé la Casbah, constitue le cœur du vieil Oran et compte deux mosquées historiques, la mosquée du Pacha (1797) et la mosquée Sidi el Houari (1799). Les deux principaux lieux de cultes chrétiens sont la cathédrale d’Oran, édifiée entre 1904 et 1913 et transformée en bibliothèque, et la Chapelle Santa Cruz, construite en 1850 en contrebas du fort de Santa Cruz, surplombant la ville du côté ouest.
La Grande Synagogue, témoin d’une forte présence juive par le passé, a été transformée en une mosquée en 1975.
Les monuments les plus importants remontent à la période de l’occupation française. Parmi eux, l’on cite l’Hôtel de ville, un imposant bâtiment inauguré en 1886 et qui abrite jusqu’à aujourd’hui la Mairie de la ville d’Oran.
Face à cet imposant édifice, s’étend la Place d’armes (Place du 1er novembre), son monument à l’émir Abd-el-Kader et le Théâtre régional d’Oran, inauguré en 1908. L’on note aussi la Gare ferroviaire, construite lors de l’occupation française et dont l’architecture reprend les symboles des trois religions monothéistes.
De la période espagnole, l’on peut admirer les Arènes, autrefois haut lieu de tauromachie. En effet, Oran fait partie, avec Tanger et Melilla, des rares villes africaines à posséder des arènes espagnoles. A noter aussi la Porte d’Espagne, une monumentale porte voûtée située dans le quartier de Sidi El Houari et qui fait partie des plus importants vestiges encore préservés de l’architecture espagnole à Oran.
Les fortifications d’Oran et de sa région constituent à leur tour des lieux emblématiques très visités. La ville abriterait la plus grande concentration de forts militaires d’Afrique, qui entourent Oran de l’Est et de l’Ouest. On cite notamment les châteaux de Saint-Philippe, Saint-André et Rosalcazar, Santa-Cruz, Saint-Grégoire et le fort de Mers el-Kébir. Enfin, ceux qui souhaiteraient s’immerger plus profondément dans l’histoire et la culture de la ville peuvent visiter le Musée national Ahmed Zabana, le Musée d’art moderne d’Oran ou encore le musée du Moudjahid, entre autres lieux culturels.
Épicentre du Raï
Musique de la jeunesse algérienne par excellence, le Raï s’est particulièrement développé à Oran, devenant parmi les caractéristiques culturelles principales de cette métropole. Développé dans les années 1960 et 1970 par des chanteurs comme Belkacem Bouteldja et Senhaji Mohamed, le style a été révolutionné par des musiciens arrangeurs oranais (Mohammed Maghni et Rachid Baba Ahmed) dès le début des années 1980, avant de connaître un succès international avec des chanteurs comme Cheb Hasni, Cheb Khaled (tous deux natifs d’Oran) et Cheb Mami.
Ce style musical, qui se prête volontiers au métissage et à la fusion avec d’autres genres musicaux, véhicule des messages où se retrouvent les jeunes et les classes populaires. Longtemps marginalisé par les autorités, il a fini par gagner en notoriété, devenant, aux yeux du monde entier, l’une des principales facettes de la culture algérienne.