"Jai fait un dream", la «twitterature» illustrée !

Sofia El Aouni
Youssouf Amine Elalamy DR
Youssouf Amine Elalamy DR

L’écrivain et professeur universitaire, Youssouf Amine Elalamy, a récemment publié son dernier ouvrage «J’ai fait un dream», paru aux éditions Le Fennec.

Ce livre, à l’image d’un voyage artistique qui marie le dessin, dans sa forme saisissante mais tout aussi simple, à des phrases courtes au sens profond, véhicule l’émotion d’un écrivain devant une actualité déconcertante: celle de la pandémie du coronavirus.

Youssouf Amine Elalamy se confie à Maghreb1 à travers 3 questions, le temps de faire découvrir aux lecteurs, la portée de ce sentiment d’étrangeté, face à un confinement inconnu, mais qui le livre à une nouvelle expérience littéraire armée de sa libre pensée.

 

Maghreb1: Pourquoi avez-vous réalisé ce langage littéraire? Des dessins accompagnés de phrases courtes? 

Youssouf Amine Elalamy: Ce livre a été écrit et dessiné en période de confinement, c’est-à-dire à un moment où la parole, en raison de l’absence de vie sociale, s’est faite beaucoup plus rare, au profit de l’image, celles des réseaux sociaux et des écrans de tous genres. Que l’on ne s’étonne donc pas de trouver dans ce livre plus d’images que de textes. J’ai écrit les textes et réalisé les dessins de ce livre avec pour ambition d’investir le langage et les différents codes/outils des réseaux sociaux pour faire œuvre de création. Les textes sont particulièrement courts et pourraient presque s’apparenter à des tweets, avec tout de même une certaine tonalité littéraire, voire poétique.

«J’ai fait un dream» est un livre de «twittérature» illustrée, qui se nourrit de toutes ces nouvelles technologies et ces nouveaux modes de communication auxquels nous sommes désormais exposés au quotidien.

 

Qu’est-ce que «J’ai fait un dream»? Pouvez-vous éclairer davantage le lecteur sur la brièveté des textes et des croquis et surtout du personnage y figurant?

 

Au-delà de la brièveté des textes qui figurent dans cet ouvrage, les dessins font également écho à l’iconographie et à l’imagerie des réseaux sociaux. 

A travers tout le livre, le personnage principal pose et nous observe dans cette posture dite du «selfie», exhibant un moi tantôt démesuré, tantôt sublimé ou même fantasmé. 

Pour ne rien vous cacher, j’ai failli intituler ce livre «Selfieman», à l’instar de Superman, Batman, Spiderman et autres super héros. Mais l’analogie avec la culture des réseaux sociaux ne s’arrête pas là.

 

Que représente «selfieman», le héros mutant de votre livre ?

 

Le visage ainsi que le corps de notre «Selfieman» changent, mutent et se transforment au gré des rêves qu’il fait, comme s’il empruntait à chaque fois l’un de ces nombreux filtres que l’on trouve par exemple dans Snapchat et qui vous offrent la possibilité de changer de sexe, d’âge, ou encore de se transformer en une créature mi-Homme mi-animal. 

En représentant ce personnage ainsi, avec une identité multiple et une formidable propension à se transformer, je l’ai voulu non seulement «dans l’air du temps», mais également «témoin de son temps».

Tout y passe, la pandémie, le confinement, la problématique de l’environnement et du réchauffement climatique, le racisme, la précarité sociale, le terrorisme, la question des réfugiés, mais aussi des préoccupations plus personnelles, voire intimes de l’auteur, ce qui explique sans doute cette ressemblance physique avec le protagoniste du livre.