«Il n’est de Maghreb que fraternel et lumineux»

Par Khalil Hachimi Idrissi

Couverture Maghreb1 5

Le talentueux écrivain Algéro-marocain Kébir Ammi — à lui seul, il est l’incarnation d’un Maghreb apaisé et serein — a fait récemment un éloge poétique remarquable de ce que peut être notre région, si elle est débarrassée des scories d’un passé ingrat, si elle est revivifiée par une jeunesse libérée et créatrice, et si elle s’inscrit résolument dans une humanité ardente où les liens sont tissés par l’altérité, la fraternité et le partage. 

Un beau texte vit toujours en vous au-delà du temps de sa lecture. Il se grave dans votre mémoire par la puissance des images, des mots et des sens. Cette mixture sémiologique fait son œuvre en silence et prospère dans une ombre salvatrice loin de la lumière violente. On finit par se dire que le Maghreb devrait ressembler à l’imaginaire de Kébir Ammi, à ses mots, à ses désirs et à ses rêves. Et pourquoi pas ? 

Kébir Ammi ne demande ni la lune ni l’impossible. Le réalisme de sa vision poétique peut servir de manifeste pour un Maghreb nouveau, impérieux et singulier ayant son mot à dire sur les affaires du monde et jouant une musique — la sienne —, à nulle autre pareille, dans le concert des nations méditerranéennes. Et au-delà. 

Ce Maghreb qui fera, sans conteste, du bien-être de ses populations son viatique, de leur accomplissement son objectif suprême et de la paix le moteur de son universalité. L’on constate bien depuis le numéro 1 de Maghreb1 nous ne varions pas d’un iota. C’est la culture, ses hommes et ses femmes, qui transformera notre vécu, cautérisera nos blessures et apaisera nos tourments.

Etre né sur le plateau de Taza — le célèbre verrou colonial — dans une cité balayée constamment par les quatre vents, au carrefour de tout, et de rien. Ni ville impériale, ni médina illustre, ni vestige dynastique notable. Elle garde seulement le bruit, comme une trace mémorielle imperceptible, des agitations des garnisons françaises fébriles harcelées par les combattants de tribus fiers et insolentes des Branès et autres Tsoul. 

De père algérien et de mère marocaine Kébir Ammi s’est toujours trouvé à la bonne distance. A la porte de l’Oriental, vers l’Est, — un Oriental aux confins mystérieux qui va jusqu’à la Sublime porte — et à proximité de Fès, le Chef-lieu universel de la civilisation impériale marocaine. Comment voulez-vous qu’il soit? Un Maghrébin avec un seul idéal chevillé au corps et à l’esprit: l’unité des peuples et des cultures du Maghreb dans leur insécable diversité.

«Il n’est de Maghreb que terre d’accueil. Horizon ouvert. Pierre angulaire de toutes nos espérances trahies. De nos rêves piétinés. Il n’est de Maghreb que terre vibrant d’impatience». Il fallait donner la parole à Kébir Ammi pour conclure ce Bashraf, il n’y avait plus d’autres mots possibles. Il les a joliment épuisés.