
Le vendredi 4 Mars à 21h, la salle Horizon de Mégarama Casablanca a vibré. Quand le groupe Hoba Hoba Spirit est monté sur scène, Reda Allali chanteur du groupe, n’a pas pu cacher son bonheur de retrouver son public. La salle a pris directement un autre aspect: jeux de lumières, applaudissements, joie, extase et cris hystériques d’un public excité. Un public aux anges et un groupe qui n’a pas pris une ride depuis tout ce temps. Maghreb1 partage avec vous, le temps d’un article, la magie de ce concert.
Le groupe mythique est de retour de la plus belle des manières, bouleversant, hypnotisant et débordant d’énergie. Sa variabilité n’a cessé d’évoluer, depuis des années, tel un oscillographe qui monte et qui descend en intensité tout en transportant d’une énergie poétique, l’auditeur dans une autre dimension de rébellion spirituelle.
Hoba en 24 ans n’a fait que grandir. Entre Gnawa, Reggae, Rock, Hip Hop, Funk et folklore marocain, il incarne la scène avant-gardiste, contemporaine et engagée marocaine avec des tubes qui ont marqué toute une génération. Entre «Aourioura», «Super Caïd» et «Blad Skyzo», leurs singles cartonnent et restent gravés dans la mémoire de toute une génération de marocains.
Quand on écoute leurs albums, c’est comme si on feuilletait un journal de bord qui met en avant les principales péripéties de la société marocaine. On y trouve moult styles musicaux mélangés par le tempo chaloupé et capiteux des uns et des autres qui rendent les sujets traités plus ludiques.
Une fusion parfaite
Passons aux détails du contenu sonore de cette excellente soirée. L’as de la fusion croque la musique à pleine voix et commence par le morceau «Jnouni» de l’album «Kamayanbaghi» (janvier 2018) avec le refrain «Maâyinach mazal, Machbaânach mazal, Mansaktoch mazal, 20 âm ou mazal» (Nous ne sommes pas encore fatigués, nous n’allons pas encore nous taire, 20 ans et encore…)», un refrain que les fans, semble-t-il, connaissent par cœur et avec cœur.
Des maux aux mots, la Hayha Music (terme utilisé pour qualifier ce genre musical particulier) résonne aux quatre coins de la salle, l’ambiance est euphorique, la suite promet de faire vibrer les tympans.
Et le groupe d’enchaîner directement leurs plus grands succès, repris en chœur par l’intégralité du public:Fhamator, Ida nzour nbra, Marock n’Roll, Super Caïd, Trabando, Blad Skyzo, Maradona, Black Mossiba, Bienvenue à Casa… Le ton et la couleur ont été donnés, le groupe est encore là pour un long moment afin de communier avec son public.
L’aventure continue, c’est clair, la base est toujours là: l’amitié, le partage et le vrai moteur qui est la musique sont toujours là aussi, donc oui 20 ans et encore… affirme à Maghreb1 Reda Allali, chanteur, guitariste et fondateur de Hoba Hoba Spirit.
L’histoire a commencé en 1998. Cela n’avait rien à voir avec une carrière de groupe musical. C’est une question de fête, d’amitié, de famille, de convivialité et de voyages. Il n’y a jamais eu de stratégie, poursuit-il.
Le leader du groupe a souligné que l’idée n’a jamais été de vouloir marquer les esprits. «Je me dois d’être honnête, je n’ai jamais rien planifié ou pensé à ce qui va marcher ou pas. L’idée de base était de s’amuser, d’écrire et de faire de la musique, un mélange spontané et chaotique pour se faire plaisir. Hoba ne se soucie pas de l’image et tout ce qui va avec», explique-t-il.
Il a souligné que le fait de remonter sur scène après une longue absence leur a fait plaisir, ajoutant que «c’est une jubilation surtout après ce contexte de pandémie mondiale. C’est un coup dur quand même qu’on soit empêché de faire ce qui nous anime pendant toute cette période.»
Interrogé sur le départ de Othmane Hmimar, ancien membre du groupe, Reda a parlé de «déchirure humaine. Un départ n’est jamais facile à gérer, encore moins quand ce sont des amis, c’est difficile pour nous mais surtout pour eux car ce n’est jamais facile de quitter son pays. Musicalement parlant, nous n’avons pas essayé de remplacer Othmane», indique-t-il.
«Je suis fier de ce qu’on a accompli, du chemin parcouru, du fait qu’on soit toujours amis. Pour le moment, nous voulons juste trouver des dates pour remonter sur scène et atténuer cette soif de musique», note-t-il
«Tout m’inspire, le quotidien, les gens, la nature, les moments difficiles, la vie», conclut-il.
Pour sa part, Fatima-Zohra, fan de Hoba Hoba affirme que le groupe a toujours la même énergie contagieuse, la même force de dénoncer les contradictions de la société marocaine, le tout dans une bonne humeur qui n’épargne personne.
Des jeunes mélomanes séduits
«Ce groupe a eu une influence tangible sur ma conscience politique, mon sens critique, ma vision des choses, mon côté nihiliste…Je me retrouve dans leurs textes, de vrais coups de poing, comme j’aime les appeler, interprétés avec brio», confie-t-elle à Maghreb1.
«Je fais partie de l’unité mobile hobawie portant le drapeau de la Hayha marocaine», j’écoute Hoba Hoba Spirit depuis l’âge de 11 ans, j’ai assisté à une dizaine de concerts et je peux vous assurer que chaque concert a son propre charme, sa propre magie», reléve cette inconditionnelle du groupe. Et d’ajouter, personnellement, les concerts qui m’ont le plus marqué sont celui du festival d’Essaouira en 2016 et ce dernier concert du 4 mars 2022 qui a été comme une sorte de libération pour moi, explique Fatima Zohra. «J’ai rêvé de ce concert pendant toute la période du confinement, j’imagine que tous les fans avaient besoin de lâcher prise le temps d’un concert et de s’éclater tout simplement après ces deux longues années», souligne-t-elle.
Elle a remarqué que ce dernier concert a réuni les nostalgiques du groupe, qui ont grandi avec sa musique, mais aussi de nouveaux fans, tout aussi accro que l’étaient les «anciens» inconditionnels de Hoba Hoba Spirit.
Grâce à Hoba, nous avons l’impression d’être invincibles. L’esprit hobawi est un esprit qui met en avant la cool attitude, la libération de l’âme et du cœur. Quand je suis dans un concert de Hoba, je suis convaincue que le meilleur endroit au monde est «ici» et «maintenant».
Créé en 1998, le groupe se compose aujourd’hui de Reda Allali, Anouar Zehouani, Adil Hanine, Saad Bouidi, Abdessamad Bourhim, des casaouis qui avancent à contre-courant.
Il a 8 albums à son actif, dont le dernier «Kamayanbaghi» (janvier 2018), et plus de 500 concerts au Maroc et à l’étranger.