
Fondé en 2009 par quatre artistes: Sami boukhechba, Samir Merabet, Bouafia Mounir et Abraz Ahmed Dalel, El Dey est un groupe de musique algérien qui fusionne la musique maghrébine avec les musiques du monde. Son art, sa cool attitude et ses ondes positives sont un véritable vent de fraîcheur pour le Maghreb.
Pourquoi «El Dey»?
«El Dey»: C’est le nom du quartier dans lequel le destin a réuni quatre jeunes rêveurs et passionnés par la musique. Il s’agit du mythique quartier algérois Hussein Dey. Lorsque nous avons décidé de créer le groupe nous avons hésité entre plusieurs noms, c’est finalement lors d’une répétition, à l’époque derrière la poste qui se trouve dans le quartier Hussein dey que nous nous sommes rendus compte que notre quartier était le trait d’union qui a forgé notre façon d’être et qui nous a fortement réuni autour de ce projet.
Comment et quand votre groupe a été créé?
Nous nous connaissions depuis notre jeune âge. Même si nous n’étions pas aussi proches qu’aujourd’hui et que nous avions eu des parcours artistiques différents, nous avions finalement fréquenté les mêmes lieux et nous avions eu des centres d’intérêts similaires voire communs.
Entre 2017-2018 nous nous croisions très fréquemment dans des concerts, des «jams sessions» ou chez des copains artistes. Jusqu’en 2009, lors d’un concert en hommage au défunt Maalem Benaissa qui était ami et Maalem de musique Diwan (Gnawa au Maroc), nous nous sommes retrouvés enflammés parmi les spectateurs par le désir d’être sur scène. Le lendemain nos idées étaient claires, l’aventure El Dey avait commencé.
Au niveau des sonorités, qu’est ce qui caractérise El Dey par rapport aux autres groupes maghrébins?
Les sonorités des artistes maghrébins ont toujours été particulières et riches en musique de divers horizons notamment les musiques oriental, andalouse, africaine, amazighe ou les chants de marins… Le Maghreb a toujours été le carrefour des cultures et des civilisations et les sonorités d’El Dey sont issues des fortes influences artistiques différentes de chacun de ses membres: flamenco, gnawa, musique africaine, reggae, latino, jazz et musique chaabi traditionnelle Algérienne.
Le métissage de ces styles est fait par des instruments modernes et traditionnels, dans une ambiance acoustique pleine de voix harmonieuses. C’est en respectant les codes des styles utilisés et en jouant sur le rôle fonctionnel des instruments que nous arrivons, à notre façon, à produire une couleur musicale qui nous est propre.
Les morceaux «Babour ellouh, kamer ellil, noudjoum ellil, falmengnawa, El Bahdja ou achak ezzine»... sont tous des illustrations de ce procédé.
La jeunesse maghrébine vous idolâtre, vous faites partie de ces groupes algériens qui ont réussi à casser les frontières, quel est votre secret?
Au fil de nos voyages et de nos rencontres, nous avons eu le plaisir de découvrir que la jeunesse maghrébine s’identifie tant à notre musique qu’à nos textes.
Musicalement nous avons toujours gardé l’esprit maghrébin et authentique de notre riche culture que nous avons brassé avec des sonorités de divers horizons. Quant aux textes, El dey transpose des réalités sociales dans des paroles qui expriment l’amour, l’espoir, l’union et la fraternité.
Parlez-nous de Maria (20 millions de vues sur Youtube), que symbolise ce tube pour vous? Est ce que vous vous attendiez à un tel succès quand vous l’avez composé?
On ne s’attendait pas à ce succès, mais le titre était une première consécration de quelques années de dur labeur.
Avant d’enregistrer notre premier album, nous avons souhaité roder notre répertoire sur scène, nous étions et nous sommes toujours convaincus que la place de l’artiste est d’abord sur scène puis dans les studios d’enregistrement.
Au fil des concerts, nous avons testé nos compositions pour voir l’effet sur scène et nous les avons ajustées si nécessaire.
«Maria» cartonnait dès les premiers essais. Nous n’avions pas anticipé que la chanson que nous avions composé en racontant tout simplement notre histoire et celle de ceux autour de nous, allait faire cet effet et même traverser les frontières pour devenir un tube maghrébin.
Le public a adoré «Edjrou lia», parlez-nous de ce morceau et dites-nous pourquoi avez-vous opté pour ce style de vidéo clip?
Edjrou lia est un titre que nous avons composé après notre tournée en 2014 au Brésil.
Nous avons souhaité faire un clin d’œil et nous remémorer cette aventure en reprenant un refrain musical de «Bahia do Brazil». Le titre raconte l’histoire d’un jeune en quête d’une vie meilleure dans un monde rongé par la complexité, les exigences stériles et les difficultés.
Nous avons souhaité l’illustrer à travers une animation pour exprimer à quel point cela était surréel et relatif et que finalement, avec un peu de modération, les choses sont simples et le bonheur est à portée de main.
Que signifie «Ya lili» pour vous? C’est une chanson assez mélancolique par rapport à votre registre…
Il est vrai qu’il y a beaucoup de gaieté dans notre musique à l’image de notre état d’esprit, mais paradoxalement, notre musique peut être très sombre par moment pour transmettre les émotions les plus profondes qui peuvent nous traverser. Ya lili est un titre mélancolique qui décrit une situation de désespoir et d’errance, face aux incertitudes et aux difficultés que chacun d’entre nous a au moins traversé une fois dans sa vie ou qui pour d’autres est leur quotidien. C’est plus un message d’espoir et de résilience que nous avons essayé de partager.
Quels sont vos projets futurs?
Nous sommes actuellement en studio pour la finalisation de notre prochain album qui contient les titres que nous avons partagé ces dernières années mais aussi de nouveaux titres comme d’habitude à la sauce El Dey. Nous préparons aussi la sortie d’un nouveau single, prévu pour ce printemps.
Un conseil pour les jeunes maghrébins?
«Croyez en vos rêves, ils se réaliseront peut-être. Croyez en vous, ils se réaliseront sûrement» Martin Luther King.